Des milans noirs survolent le plan d’eau. Un couple de foulques sort des roseaux à la recherche de nourriture pour ses petits. Les cris venus du nid sont couverts par le croassement des grenouilles. Le grand public l’ignore souvent, mais l’Aéroparc de Yutz est petit écrin de biodiversité. En 2016, le site artificiel de 43 hectares s’était même engagé à devenir un refuge reconnu par la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
72 espèces recensées
Le parc urbain s’est vidé pendant le confinement même si certains ont pu essayer de contourner l’interdiction à la nuit tombée. Globalement, la faune sauvage a eu la paix. « Toutefois on ne relève pas d’expansion particulière, ni de délocalisation des oiseaux », relève Stéphane Etienne, bénévole à la LPO de Moselle nord. Ce photographe animalier passe des heures à scruter le ciel, les rives à la recherche de nouveaux plumages. En deux ans, il a recensé soixante-douze espèces d’oiseaux, migrateurs et sédentaires, sur l’Aéroparc.
Le chiffre est en augmentation mais il n’a pas été gonflé par le confinement ces dernières semaines. « En mars, les couples sont déjà fixés sur un territoire pour faire leur nid », explique Stéphane Etienne. En revanche, il a observé le vol à basse altitude des rapaces, plus confiants sûrement. « Cette période de calme a aussi pu être un piège pour les espèces qui nichent au sol », renchérit Jean-Marc Debrycke, bénévole LPO également. Car une fois que la vie a repris, les promeneurs et la coupe des herbes hautes ont pu détruire les nichées.
Informer et préserver
Ces passionnés ne sortent jamais sans jumelles. L’Aéroparc de Yutz voit passer des espèces rares, « comme le bruant des roseaux qui est en danger », cite Stéphane Etienne. Il mentionne aussi la bécassine des marais dont il n’existe que cinquante couples en France, le petit tarier des prés ou le grèbe huppé, oiseau pêcheur qui ne s’arrête ici que pour manger, effrayé par les promeneurs.
« Il faut protéger cette richesse », martèlent ceux qui la connaissent. Il faut aussi maintenir les espèces les plus communes. Une zone de loisirs n’est pas incompatible avec la préservation de l’environnement, selon eux. « Plus les gens seront informés, plus ils auront envie de préserver cet écosystème et de l’investir », croient les représentants de la Ligue de protection des oiseaux.
Nouveaux objectifs
La convention passée avec la commune en 2016, qui désigne l’Aéroparc comme refuge LPO, est arrivée à son terme. Les bénévoles de l’association en Moselle nord aimeraient la renouveler pour cinq ans avec de nouveaux objectifs qu’ils ont même budgétisés. Ils imaginent des conférences, des sorties accompagnées, davantage de panneaux informatifs sur le site, des animations dans les écoles. « Le martin-pêcheur est un bel oiseau coloré qui passe l’hiver ici à Yutz mais qui va nicher ailleurs. L’installation de nichoirs pourrait lui permettre de rester », suggère Stéphane Etienne. L’idée est lancée et elle n’a jamais été autant d’actualité.
«Il ne faut pas jeter de pain aux oiseaux !»
Les experts de la LPO ne le répéteront jamais assez : « Il ne faut pas jeter de pain aux oiseaux sur l’étang ! » Et il y a une explication. « Le pain qui n’est pas mangé coule et il va étouffer le fond de l’eau », précise Stéphane Etienne, bénévole auprès de la Ligue de protection des oiseaux en Moselle nord. Si le fond est couvert, toute la chaîne alimentaire qui se développe dans l’étang sera modifiée. « Le biotope sera perturbé. »
Sans compter que le pain qui stagne sur la rive est susceptible d’attirer les rats, plutôt friands des œufs restés dans le nid…
June 25, 2020 at 01:00AM
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Culture - Loisirs | Aéroparc : les oiseaux dans leur environnement - Le Républicain Lorrain
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