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Thursday, August 6, 2020

La douce sensation d’être un oiseau - ladepeche.fr

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Au port de Lers, les couleurs vives des voiles de parapentes ne passent pas inaperçues. Curiosité éveillée, impatience grandissante, je m’approche du site de vol libre. Nombreux sont ceux qui s’aventurent dans l’air ce matin-là. Des enfants, des adultes, amateurs, professionnels… et moi. Jeune stagiaire, novice en parapente mais aventurière confirmée.

Les moniteurs sont comme à la maison. Quand vient mon tour pour m’équiper, j’ai l’impression qu’ils m’invitent à rentrer chez eux. En voyant les différentes personnes qui volent déjà entre les montagnes face à moi, je suis surprise de ne ressentir aucune appréhension. La quantité de matériel est impressionnante, tout comme l’âge du prochain à passer.

Lubin, 6 ans, cache son stress. Hélio, son moniteur et fondateur de la structure de parapente Kymaya, le rassure. Il sait y faire. À peine le temps de voir le duo s’envoler que c’est mon tour. Si un enfant de 6 ans a su y arriver, je devrais m’en sortir.

Pas le temps de réfléchir

Christo s’approche de moi, me tend le gros sac à dos étonnamment léger. Je me concentre sur la voix de mon moniteur qui ne me laisse pas le temps de réfléchir. "À trois, on y va." Je n’ai pas entendu le décompte mais je commence à courir. Trois foulées. À la quatrième, mon pied bat dans le vide. Je me laisse glisser en arrière en même temps que le vent, rapide, glisse sur mes joues. Si j’avais fermé les yeux, impossible de me douter que nous étions déjà à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Mais rater une seule seconde du panorama était impensable. "Voilà mon bureau", se vante Christo.

Je laisse mes jambes se balancer dans le vide et je souris bêtement. En regardant en bas, on se sent comme un oiseau qui plane, léger et discret. En fixant les sommets qui nous entourent, j’ai l’impression que l’on fait du surplace tant le vol est doux. "Entre 35 et 40 km/h", me précise Christo, qui, au bout de cinq minutes, me propose de piloter. J’attrape les poignées. Mon âme d’enfant a repris possession de mon corps. J’écoute attentivement ses instructions alors que l’on fonce droit sur les sapins en face de nous. Pas de panique.

"Regarde à droite, penche-toi et tire doucement sur la poignée." On s’éloigne lentement des arbres, bercés par les vents au cœur de la vallée.

Je négocie quelques virages avant que Christo reprenne les commandes. À peine le temps de reprendre la caméra en main que nous sommes partis pour un peu de voltige. Quasiment la tête en bas, on plonge à pleine vitesse à droite, puis à gauche, puis à nouveau à droite. Je ressens la pression des G, puis on flotte un instant entre deux plongeons. Ces quelques secondes de frissons sont les plus belles à vivre. Similaires à celles d’un grand huit mais où l’on se sent libre et à peine attaché.

Le moniteur stabilise le parapente. Le sol est proche. Je prends une grande inspiration et lève une dernière fois la tête pour profiter de cette sensation de liberté indescriptible.

"Attention, apprête-toi à courir !" Dans un tardif instinct de survie, je pense à ces accidentés du parapente, rares il est vrai. Mais… je n’ai pas envie de me blesser, ou pire. J’efface instantanément ces pensées quand mon pied droit frôle les herbes hautes. Une fraction de seconde plus tard, nous sommes debout, au sol. La voile retombe sur elle-même. J’ai l’étrange sentiment de sortir d’un rêve lucide. Un autre binôme atterrit. Là, je comprends qu’en réalité j’ai vécu ce rêve : la douce sensation d’être un oiseau.




August 06, 2020 at 10:06AM
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